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Depuis une trentaine d’années, gauche et droite de gouvernement s’accordent sur la nécessaire maîtrise des dépenses de personnel de l’Etat. Cela a notamment pris la forme de politiques de réduction ou de stabilisation des effectifs. Les premières avec la révision générale des politiques publiques sous Nicolas Sarkozy ; les secondes avec la modernisation de l’action publique sous François Hollande. Le premier quinquennat d’Emmanuel Macron, avec le comité action publique 2022, devait renouer avec les réductions, mais une double crise sociale (« gilets jaunes ») et sanitaire (Covid-19) l’a ramené à la stabilisation.
C’est finalement le choix des secteurs épargnés ou affectés en priorité qui distingue le plus gauche et droite quand elles sont au gouvernement. En ce qui concerne les politiques éducatives, cela remonte au moins à la IIIe République. Ce régime fit de l’instruction publique un enjeu de politique nationale et un domaine d’intervention directe de l’Etat. Au risque d’un raccourci un peu rapide, disons que les républicains au pouvoir prirent leurs responsabilités politiques.
En 1889, assumant leur choix d’un enseignement primaire obligatoire et laïc, conscients de la charge difficilement soutenable que cela imposerait aux communes, ils firent des instituteurs et institutrices des fonctionnaires. La droite, alors encore largement antirépublicaine, s’opposait à cette politique. Un réquisitoire publié par le vicomte Georges d’Avenel dans la Revue des deux mondes permet d’en prendre la mesure. Pour dénoncer le fonctionnarisme, un fléau dont il rendait coupable la République, il ciblait la politique scolaire : « Dire que la société doit l’école primaire gratuite à toutes les intelligences est un paradoxe égal, sinon supérieur, à celui qui consisterait à dire qu’elle doit le potage gratuit à tous les estomacs. »
Depuis, moyennant quelques à-coups, la droite s’est largement ralliée au régime républicain et les appels explicites à la privatisation de l’éducation nationale sont devenus marginaux. Les politiques éducatives restent toutefois un enjeu de distinction dont les choix opérés en matière d’économies budgétaires sont très révélateurs.
Durant le quinquennat Sarkozy, l’éducation nationale ne fut pas épargnée par les économies. En 2012, un bilan de la révision générale des politiques publiques, dressé conjointement par les inspections de l’administration, des affaires sociales et des finances, soulignait qu’elle avait contribué à hauteur de sa proportion des effectifs de l’Etat, soit un peu moins de la moitié des suppressions d’emplois réalisées. Les annonces du projet de diminution de 4 000 enseignants par le gouvernement Barnier s’inscrivent dans un retour aux logiques sarkozystes, dans une version en apparence atténuée. On pourrait même considérer que, finalement, 4 000 postes, alors que le nombre d’élèves diminuerait, ce n’est pas tant que cela. C’est pourtant tout le contraire.
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